Papa,
Hier tu t'es fait opérer afin de pouvoir recevoir une prothèse de hanche. Ces dernières semaines c'était compliqué de te déplacer, pas facile pour quelqu'un comme toi, Saint-Cyrien, ancien parachutiste au 1er RHP et ancien agent de la DGSE. Même à 75 ans tu restais sportif et tous les matins c'est à qui allait battre l'autre au golf avec maman.
Lundi, tu as eu un appel de ton CHU pour t'annoncer que l'opération serait plus délicate que prévue en effet un kyste a été repéré à l'IRM. Un kyste mal placé, juste sous l'artère fémorale. Forcément cette annonce a eu une résonance extrêmement forte chez moi. Mon foie, ma veine cave, ma hantise.
Je n'ai pas senti la mort, tu m'excuseras pour ce détail crû mais c'est ce que je sonde en premier. J'ai sorti mon jeu de Mademoiselle Lenormand et j'ai fait une des choses que je fais le mieux j'ai interrogé mes cartes. L'annonce était extrêmement positive et ma guidance rassurante sur ton opération.
Nous avons échangé par sms, je t'ai dit que je serai là par l'énergie et que tu me sentirais. Tu m'as remerciée, m'as dit que tu m'aimais, et que tu penserais à moi quand tu soufflerais. J'ai tellement insisté pour que tu respires calmement avant de t'endormir ... Je t'ai répondu que je t'aimais aussi ce qui est rare entre nous il faut quand même le souligner.
Papa, je sais que tu ne juges pas ma médiumnité, que ça t'intrigue sans aucun doute, que cela t'a bluffé aussi parfois mais je sais aussi que tu es très cartésien, un disciple de Saint Thomas ... ta carrière sans doute.
Hier, je me suis connectée à toi, j'ai soufflé avec toi, je suis restée près de toi. J'ai appelé maman pour lui dire que je savais que tu étais entré au bloc, j'ai ressenti un étau sur ma poitrine et j'ai baillé au téléphone plusieurs fois, tu dormais. J'ai aussi rapporté que c'était étrange parce que je ressentais quelque chose au niveau de mon coeur, un pincement inhabituel, fort, très fort.
L'opération s'est bien déroulée, hier soir tu étais de retour dans ta chambre.
Ce matin j'ai reçu un sms de ta part : "Tout va bien pour moi. Je te raconterai la phase anesthésie : tu as été très présente à mes côtés. Bisous. Papa." Papa si tu savais comme ce message m'a faite plaisir. Toi qui me crois, me consulte mais tire toujours cette petite moue.
Je t'ai appelé fébrile en début d'après-midi, d'une voix calme tu m'as expliqué que tu avais pensé à maman avant de t'endormir, puis à moi et qu'un rectangle mordoré apaisant t'était apparu et que sur ton côté il y avait une attache comme une boucle, qui te retenait. Toi qui crois mais dit ne jamais rien voir. Tu m'as ensuite raconté que l'angle du rectangle c'était soulevé et que tu t'étais retrouvé dans le bureau d'une amie, anciennement assistante sociale, qui recevait un monsieur. Puis tu es revenu, tu as entendu la voix de l'infirmière et tu t'es réveillé.
Papa, si tu savais comme cette expérience me fait chaud au coeur, si tu savais aussi comme tu ré ouvres en moi cette compréhension de l'espace temps et de la simultanéité. Que faisais-tu dans ce bureau observant une scène alors qu'elle n'y est plus depuis des années ?
Papa, ce soir maman m'a dit que deux médecins était venu te voir parce que ton coeur ne va pas si bien. Le coeur le pincement si fort quand j'étais connectée à toi ...
Demain ou après-demain tu auras des examens approfondis pour vérifier ce ventricule qui ne fonctionne visiblement pas comme il devrait.
Papa, ce soir je n'ai pas tiré de carte, je n'en tirerai pas je vais faire confiance à ma seule intuition je pense qu'il est temps.
Papa, ça va.
Je t'aime,
Lucie.
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